27 février 2006

Réflexion sur la Créativité


Le Chevalier, La Jeune Fille et la Mort, Hans Baldung Grien, 1515.



Si l'on fait le compte rapide des comportements qui impliquent la sortie et ceux qui suggèrent le retrait de soi-même, on est impressionné de voir que le nombre est d'abord du côté de l'extraversion. Le silence, la taciturnité sombre, pour parler comme le fait encore Pinel, l'athymie sont moins souvent évoqués que l'exubérance de la colère, de la parole, de l'amour, de la violence. Le mélancolique est surtout peint comme un être agité. On doit nuancer évidemment. Les attitudes de retrait, la lâcheté, la crainte, le silence, ne sont pas absentes, mais l'on ne peut douter que l'aspect positif de la mélancolie ne soit d'abord privilégié. Cela s'explique évidemment dans une réflexion sur la créativité. L'individu retranché du monde, dans son silence, que propose-t-il à une telle méditation ?
Parce que la bile noire est inconstante, inconstants sont les mélancoliques.
L'on voit que l'on ne saurait distinguer entre la santé, la morale et ce qui apparaît déjà, qu'on pourrait appeler esthétique, la réflexion sur la créativité. Comment l'inconstance, comment la variabilité, comment les avatars du mélancolique peuvent-ils expliquer la grandeur, la créativité, le génie, comme nous dirions maintenant ?
Qu'est-ce qui fait le lien entre tous ces domaines et le polymorphisme et l'inconstance du mélancolique ? On ne peut comprendre ce contexte qu'à l'intérieur d'une pensée de la mimesis, de la représentation. C'est une notion difficile à définir, qui règle une des façons pour les Anciens d'envisager la création.